Asia Portuguesa

Manuel de Faria e Sousa - 1674

Les 3 tomes de Asia portuguesa sont issus d’un don qui a été fait à la Bibliothèque de Limoges par M. Frédéric Romanet du Caillaud.

Asia portuguesa est le seul ouvrage que nous ayons ici à la Bfm de cet auteur. Pourtant, il a écrit de nombreux textes. Dans la même veine que ceux-ci, l’auteur a écrit en 3 tomes Europa portuguesa et en un tome Africa portuguesa, ouvrages sur les découvertes et les conquêtes du Portugal.

Epitome de las historias portuguesas, publié à Madrid en 1628 par Francisco Martinez, est l’ « ancêtre » des Indes portugaises, qu’il va retravailler, corriger et très largement modifier. Entre les deux versions, il y a un tome de plus et beaucoup d’illustrations en renfort du texte. Voici le lien pour aller le voir sur le site de la Bibliothèque nationale d’Autriche :

http://digital.onb.ac.at/OnbViewer/viewer.faces?doc=ABO_%2BZ200515603#

Il s’agit dans cette œuvre, qui se présente comme une chronique chronologique de raconter l’histoire du Portugal hors du Portugal, depuis 1412 jusqu’en 1640. Il s’agit aussi de nommer les différents gouverneurs et/ou vice-rois des Indes portugaises depuis 1505 jusqu’à 1640, de montrer les différentes possessions portugaises de ce côté du monde. De 1412 à 1497, il n’y a que 23 pages. C’est à partir de Vasco de Gama que l’œuvre se densifie. C’est une œuvre faite pour montrer la grandeur du Portugal.

 

Manuel de Faria e Souza est né le 18 mars 1590 à Pombeiro de Ribavizela au Portugal (dans le district de Porto).

Il a écrit la majeure partie de son œuvre en espagnol parce que le castillan était à l’époque la « langue européenne ». Après la restauration de la monarchie portugaise en décembre 1640, il reste à Madrid, ce que les Portugais lui reprocheront. Pourtant, à cette époque, il espionne pour le roi Joao IV du Portugal, dit le Restaurateur. Il meurt le 3 juin 1649 à Madrid. Son fils repart alors s’installer au Portugal. C’est lui qui fera publier les œuvres de son père à titre posthume.

En Inde, le Portugal installe un « vice-roi » ou gouverneur six ans après l’arrivée de Vasco de Gama. Si la personne nommée était de la noblesse, c’était un vice-roi, sinon c’était un gouverneur. Ils ne restent en général que deux ou trois ans à la tête de l’Inde (avec le seul titre de gouverneur à la fin). Certains, assez rares, l’ont été deux fois. Le 1er vice-roi, Francisco de Almeida, va créer des comptoirs fortifiés. On parle des Indes portugaises, puisqu’en fait le Portugal s’est établi peu à peu bien plus qu’en Inde proprement dit : la présence portugaise va toucher tout l’océan indien, jusqu’à Ormuz, l’entrée du golfe persique, Goa, Cochin, Malacca…En 1513, Jorge Alvares arrive en Chine : le Portugal établit un comptoir à Macao. En 1543, les Portugais arrivent à Nagasaki au Japon.

Vasco de Gama est une des figures marquantes du Portugal, grand navigateur et découvreur. Il naît vers 1469 à Sines, dans le sud-ouest du Portugal, dans une famille de petite noblesse. Il fait des études en sciences de navigation puis devient officier de marine en 1492. Manuel Ier qui a accédé au trône en 1495 charge Vasco de Gama de trouver une voie maritime pour aller jusqu’en Inde ; c’est l’époque des grandes découvertes et en même temps du développement des grandes routes commerciales. Vasco de Gama quitte Lisbonne le 8 juillet 1497, avec trois bateaux : Le Sao Gabriel, Le Sao Rafael et le Berrio, un équipage entre 170 et 200 hommes selon les sources, dont 3 interprètes et Bartholomeo Diaz qui avait découvert le Cap 10 ans avant. Il arrive à Calicut en Inde le 20 mai 1498. Il revient en héros au Portugal. Il repartira en expédition entre 1502 et 1503 et il fondera à cette occasion plusieurs colonies portugaises. A son retour, il tombe en disgrâce. Mais en 1524, le nouveau roi Jean III lui donne le titre de « vice-roi » des Indes : il repart alors en Inde mais décède le 24 décembre à Cochin, probablement du paludisme. Il sera enterré sur place mais en 1539, ses fils ramèneront ses restes au Portugal.

 

On peut remarquer au bas des pages du prologue du tome 3, des petites croix qui servent de ce qu’on l’appelle « signatures ». Ces signatures sont des lettres ou des chiffres ou des signes placés au bas du premier ou des premiers feuillets de chaque cahier. Elles servent à classer et à compter les cahiers au moment de la constitution du livre. Il faut imaginer que le texte était imprimé sur une feuille de grand format que l’on pliait afin de constituer les cahiers. Ces signatures étaient des repères et des aides. La plupart du temps, ce sont des lettres. Mais l’utilisation de cette croix que l’on retrouve par ailleurs sur une grande partie des portraits des gouverneurs montre l’importance de l’Ordre du Christ dans le Portugal de l’époque.

L’ordre du Christ est intimement lié aux Templiers. A l’origine, l’ordre du Temple est officialisé en 1129 par le concile de Troyes mais sa création remonte à 1118 avec la milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. Plusieurs commanderies s’établissent au Portugal à partir de 1128.

Après la disparition des Templiers, Denis Ier du Portugal obtient du Pape la création de l’Ordre du Christ en mars 1319. Le grand-maître de l’Ordre doit prêter serment au roi avant sa prise de fonction, ce qui fera de l’Ordre un puissant appui de la royauté. Denis Ier obtient aussi que les biens de l’Ordre du Temple passent à l’Ordre du Christ. De 1417 à 1460, le prince Henri le Navigateur est grand-maître de l’Ordre. Grâce aux fonds de l’ordre, il fonde une école de navigation qui sera à l’origine de la suprématie maritime du Portugal et des grandes explorations comme celles de Vasco de Gama. En 1521, à la mort du roi Manuel Ier, l’ordre compte 454 commanderies au Portugal, en Afrique et dans les Indes, ainsi qu’une centaine de forteresses et châteaux fortifiés dans la péninsule ibérique. Après bien des péripéties (suppression, renaissance), l’ordre existe toujours : ses statuts ont été révisés au cours du XXè siècle et l’ordre a pris le nom de Real ordem de Nosso Senhor Jesus Christo : il s’agit d’un ordre qui sert à honorer les personnes ou administrations ayant rendu service à leur pays dans le cadre de leurs fonctions.

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