Laissez parler les petits papiers

Les livres anciens des bibliothèques ont souvent eu une vie avant de rejoindre une bibliothèque publique, et plusieurs portent la trace de cette histoire par des marques de propriété, mais aussi des usages.

Il arrive notamment que l’on retrouve dans un livre ancien un papier qui avait vraisemblablement servi de marque-page. Mais là, dans le Cérémonial des évêques (Paris : J. Lecoffre, 1856), ce ne sont pas moins de cinq et même six papiers que l’on trouve successivement dans le volume.

Vient d’abord une bande de journal, c’est-à-dire un morceau de papier au nom du destinataire et qui enserre les journaux qui lui sont destinés. Portant le titre de La Gazette du Centre, la bande est au nom de M. Leblanc, directeur du grand séminaire, avec le chiffre 3 correspondant peut-être au nombre d’exemplaires à livrer. Le titre La Gazette du Centre a été utilisé par plusieurs journaux, mais il s’agit sûrement ici de la période 1881-1932.

Ensuite on trouve un papier fin de couleur bleue, qui correspond à un papier à lettres usuel au XIXe siècle : il s’agit en effet d’un fragment de lettre, vraisemblablement un brouillon ou plus sûrement une minute, c’est-à-dire un exemplaire que l’expéditeur garde pour mémoire. Malgré sa petite taille, le fragment donne pas mal d’informations. D’abord il porte une marque gravée pas très lisible mais qui semble reprendre le chiffre du Séminaire. La lettre est datée du 9 février 1858 et adressée à « Madame la supérieure ». En tout cas, ce fragment détaché a bien servi de brouillon ensuite, car on y voit un calcul et quelques mots au crayon.

La troisième pièce est un dépliant imprimé de quatre pages, de petit format, avec une prière du père Zucchi. La diffusion, en nombre, de telles prières, est là encore une pratique assez fréquente au XIXe siècle. Ce dépliant mentionnant une indulgence promulguée par Pie IX le 10 décembre 1868, a dû être imprimé peu après.

Vient, plus loin, un papier blanc plié en deux avec des notes manuscrites à l’encre. Ces notes évoquant des éléments de rituel comme la manière de saluer l’autel et l’évêque dans une célébration, laissent penser que, contrairement aux autres, ce papier présente un lien étroit avec le contenu de l’ouvrage.

Les deux derniers papiers, que l’on trouve d’ailleurs au même endroit, sont respectivement une quittance et un laissez-passer. Il s’agit de formulaires émis par le service des contributions indirectes, dans le cadre du régime fiscal des boissons alcoolisées. Ces documents ont été établis au bureau de Mareuil (Dordogne) les 12 et 13 novembre 1858 en vue d’un transport de vin. Mais l’histoire ne dit pas s’il s’agissait de vin de table ou de vin de messe.

Ces différents éléments sont autant de témoignages de la vie d’une ou plusieurs personnes qui ont laissé un peu de leur vie dans ce livre...

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