Fonds Romanet du Caillaud

Frédéric Romanet du Caillaud

(1847 - 1919)

Avocat de formation, industriel à la suite de son père, il a partagé sa vie entre voyages, affaires, études sociales, réflexions politique et sa foi catholique.

 

Quelques repères biographiques

Frédéric Romanet du Caillaud (né le 22 mars 1847 à Limoges - mort à Trélissac le 5 décembre 1919).

Fils de Edouard Romanet du Caillaud (1804 - 1880) et d'Amélie Tarneaud (1828 - 1886).

De ses années d’études à la Chapelle Saint-Mesmin, collège fondé par Mgr Félix Dupanloup, il garde une attache profonde à l’œuvre des jésuites et bénéficie de l’accueil de ses coreligionnaires lors de ses différents voyages. La seule biographie qui lui est consacrée est d’ailleurs l’œuvre d’un jésuite.

Ils partagent leur résidence entre la demeure familiale d'Isle (lieu-dit du Caillaud) et Périgueux.

Il partage les années 1870 entre la guerre, un long voyage en Europe, ses études de droit à Paris, son mariage en 1876, avant de reprendre en 1880 l’entreprise de son père à Isle.

De son épouse Thérèse de Siorac (originaire de Sarlat), il a eu six enfants : Siméon, Louis, Jacques, Joseph, Pierre et Marie.

Durant ces mêmes années 1870 - 1900 : il constitue une bibliothèque très complète, collectionne des éditions rares et étudie les régions du monde. Il s’intéresse à des questions très diverses telles que les échanges commerciaux, les exportations, l’heure universelle, l’histoire du christianisme, le Canada et ses ressources, entre autres.

 

Suite à la publicité réalisée par le Canada auprès des francophones pour inciter à investir dans ce pays, il y entreprend, de 1902 à 1914, des voyages annuels et investit lui-même dans des mines de Nickel à Sudbury (Ontario-Canada). Il fut surnommé le "comte de Sudbury".

En 1914, la guerre interrompt ces voyages et activités. Il demeure en France en partageant sa vie entre Isle et Périgueux.

De ses activités diverses demeurent de nombreux ouvrages et photographies. Lors de ses voyages en Europe dans les années 1860, il visite les châteaux de la Loire, la Lorraine, passant par Domrémy, les cathédrales et églises des pays qu'il traverse, fréquente les musées, théâtres.

 

"Ce à quoi je tiens surtout, c'est à savoir un peu de tout, à développer beaucoup chez moi la faculté d'observation. On peut ainsi acquérir une foule de connaissances utiles et quelques fois servir au progrès de la civilisation de son pays" (lettre à sa mère en 1872)

Sa bibliothèque

Formé chez les jésuites, passionné de géographie, curieux de nombreux sujets, il a constitué une bibliothèque de quelques 2000 livres et revues. Les sujets y sont essentiellement l’histoire, la religion catholique, les missions des jésuites, et des sommes sur les connaissances des civilisations du monde entier ; nous sont ainsi parvenus de nombreux ouvrages cartographiés : sur l’Egypte, l’Ethiopie, l’Asie, les Amériques.

Son testament datant du 25 août 1918 précise ainsi :

"Je laisse à la ville de Limoges ma collection de livres rares et anciens, de livres géographiques et historiques, qui se trouve au château du Caillaud (...) ces collections de livres et de papiers devront rester réunies et placées dans la bibliothèque municipale de Limoges, où elles devront porter le nom de "fonds Romanet du Caillaud"

Son inventaire après décès est conservé aux archives départementales de la Haute-Vienne (série 4E96).

[extrait] Bibliothèque de Mr Romanet du Caillaud :

  • … douze volumes in folio, reliure gaufrée, Annales ecclesiatici, 1610-1619
  • Strabon : rerum geographicarum libris, 1807
  • Montesquieu, esprit des lois, 1749
  • Voyage d'exploration en Indochine
  • Bulletin de la société de géographie 1879 à 1919,
  • ...

En 1886, il a donné à la société de géographie, à laquelle il participe, des photographies acquises lors de ses voyages :

  • en Europe : il a 22 ans quand il part du Limousin pour se rendre en Alsace, puis Allemagne, Italie, Bulgarie, Hongrie, Autriche, Grèce et Constantinople, porte de l'Orient ; voyage en 2 temps, entrecoupé par la guerre de 1870 ; exemple à Pise.
  • en France durant son voyage de noce, où il parcourt les lieux en lien avec l’histoire de France et les principaux édifices catholiques (la Loire, la Lorraine...)
  • avant d'entreprendre sa "période canadienne" : 1902-1914, période pour laquelle ne subsistent pas de photographies dans les collections publiques. En revanche, il semblerait avoir donné à la Société de géographie les documents sur le Canada.

 

Quelques ouvrages remarquables du fonds

Qui dit voyage, dit cartes, atlas et ouvrages sur la navigation :

Dit "Atlas de Mercator" dans sa première édition, en 1595, publié par ses fils un an après la mort de son auteur Gérard Mercator. Cet exemplaire est reconstitué et monté sur onglets

Lucius Johannes (1604 - 1679), historien originaire de Dalmatie, fonde avec cet ouvrage l'historiographie de son pays, la Croatie actuelle.Joan Blaeu détient à cette époque la plus grande imprimerie d'Europe. Cartographe et fils de cartographe il publie également l'Atlas major en 1645

Les ouvrages sur la navigation sont nombreux et régulièrement réédités et amendés.

 

S'il n'a pas voyagé en Afrique, sa collection de livres sur l’Éthiopie en particulier reflète un de ses sujets de prédilection. Frédéric Romanet du Caillaud se documente sur l'histoire des contrées lointaines, sur la question du christianisme au-delà de l'Europe, sur les écrits des jésuites, à la fois découvreurs du monde et missionnaires du pape.

Il est aussi curieux des mœurs et coutumes, des questions économiques et des marchés potentiels qu'offrent les autres continents.

Ce texte fondateur de l’histoire de l’Ethiopie est issu de la rencontre entre Abba Gorgorios, originaire du royaume d'Amhara, homme de lettres, prêtre, venu en Europe apprendre le latin et Job Ludolf (1604 - 1704) orientaliste d'origine allemande, auteur d'une grammaire éthiopienne.

 

L'Orient, et la Chine en particulier, ont été explorés, au même titre que le continent africain : exploration par les mers ou par la voie terrestre. Objet de cartographies précises ou volontairement erronées, les éditions des XVIIe et XVIIIe siècles s'emploient à décrire également les mœurs et coutumes. Romanet du Caillaud, dans ses préoccupations industrielles, y voit également un débouché économique important.

Cet ouvrage portant les armes de Frédéric-Auguste de Brunswick-Woelfenbüttel-Oels, a vraisemblablement été acheté à Leipzig vers 1870 par Romanet du Caillaud (Librairie List & Francke, qui existe encore aujourd'hui)

  • Legatio batavica ad magnum Tartariae Chamum Sungteium, modernum Sinae imperatorem,… Amstelodami : J. Meursium, 1668

L’auteur, Johannes Nieuhof, (1618 - 1672) était un ambassadeur et explorateur hollandais. Il rapporte de ses missions des descriptions des pays ainsi que des dessins pour les illustrer.

Cet ouvrage contient de nombreuses planches gravées : cartes, représentations de la vie en Chine, Tibet et Extrême Orient. Succès dès sa publication, il a été vite traduit en plusieurs langues

Cette description de la Chine, fondée sur les mémoires d'une vingtaine de Jésuites missionnaires, a été publiée en 4 volumes in-folio.

 

Conciliant sa vie d’entrepreneur avec sa curiosité intellectuelle, Frédéric Romant du Caillaud s’intéresse en particulier au Tonkin. En 1884, le Tonkin devient protectorat français. La bibliothèque de Romanet du Caillaud contient de très nombreux ouvrages sur cette région, en différentes langues. Il en a réalisé une carte et défendu dans la presse tous les enjeux commerciaux entre la France et le Tonkin, plus largement avec l'Asie.

 

  • Sur la chrétienté, l’église catholique et les jésuites : Missale romanum ex decreto sacro-sancti concilii Tridentini restitutum. Paris, s.d. Missel romain postérieur au Concile de Trente (1563) ; la collection de Romanet du Caillaud conserve de nombreux livres liturgiques, anciens et contemporains. Parfois rares (dans l’état actuel des descriptions bibliographiques car de nombreux fonds sont encore à décrire).

 

  • Rare et unique édition de cette hagiographie : Vita e morte del venerabil P. F. Alipio di S. Giuseppe, scalzo di S. Agostino palermitano della congregatione d'Italia, in odio della confessione della S. fede di Giesù Cristo, crudelissimamente occiso da' Turchi di Barbaria, nella città di Tripoli, al 7 di febbraio l'anno 1645, 1657. RC 838

 

Sur le Canada, le fonds est cependant peu disert. Les documents concernent l’exploitation du Nickel en Ontario ont sans doute dû rester dans les archives familiales. On en trouve la trace dans un article publié par la société historique du Nouvel Ontario.

 

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