Dolmen Club
Le Dolmen club de Bellac (1906-1915)
Un joyeux bulletin de sociétés savantes
Dès 1903, à l’initiative de Monsieur Calcat, juge au Tribunal de Bellac, un groupe de promeneurs les « excursionnistes de Bellac » comme ils s’appelaient eux-mêmes, prenaient l’habitude de publier le compte rendu de leurs excursions dans le journal local « Le Nouvelliste de Bellac ».
En 1906 ce groupe prend le nom de Dolmen-Club de Bellac et commence à publier un bulletin trimestriel. En plus des habituels notables locaux (juges, notaires pharmaciens instituteurs et institutrices…), on compte, parmi les membres, des commis, boulangers, agents voyers. Si l’association déclare une vingtaine d’excursionnistes en 1906, ils sont plus de 300 en 1915, année de la fin des activités de la Société.
Au-delà de ces faits, ce qui séduit dans cette revue c’est le ton, à la fois badin et savant, humoristique et sérieux. Les récits des premières excursions de l’association sont l’occasion de récits lyriques et descriptifs : le temps est beau, la journée remplie d’émotions devant les mégalithes, le paysage serein, l’émerveillement à chaque pas. L’équipe est tout aussi enjouée à raconter les banquets qui ponctuent les rencontres annuelles. On n’oublie jamais de louer le repas, on en publie même le menu détaillé. Et de rappeler la présence du traditionnel centre de table et de la pièce montée, tous deux en forme de dolmen, comme il se doit.
Avec le temps, l’étude des dolmens limousins épuisés, les « dolménistes » comme ils se désignent, traquent les dolmens du monde entier : en Norvège, au Japon, en Palestine, en Islande. Le propos s’élargit au Félibre, aux us et coutumes. L’étude des mégalithes s’enrichit d’articles sur le Néolithique, le Haut Moyen-âge, la géologie, la toponymie, comme dans tout bulletin de sociétés savantes. On trouve aussi des récits, des poèmes, des chansons, au milieu d’inventaires détaillés de silex. Le Dolmen Club finit de publier en 1915. Le dernier numéro précise « nous fêterons après la guerre et après la victoire cet anniversaire décennal ». L’enthousiasme des débuts n’a pu survivre à la Grande Guerre.
Quelques perles du Dolmen Club, extraits de l’année 1912 :
"Le rouet de ma grand-mère" et ses douces sonorités en "ron ron et patapon" « O Rouet de ma grand-mère J'aime ton Ron, ron… » |
Un article sur les dolmens asiatiques, qui ressemblent aux dolmens limousins, pardi ! Et l'auteur de conclure : « Qui soutiendra après cela que l'idée primitive qui a présidé l'érection de ces dolmens n'était pas la même et que les races [… ] n'ont pas été mues par une même idée, un même idéal" |
"Le feu s'éteignit", récit préhistorique : " Brogh détestait l'heure où le soleil disparait […] Il serait sans sa main l'épieu à pointe de silex ... Ryya s'endormait près de lui. Il la recouvrit d'une peau d'ourson… l'homme se mit à chanter doucement la chanson des louves à la lune "Mahou…hou…ou…ou..u…" |