Le livre d'orgue de Limoges

C’est grâce au don d’un collectionneur limougeaud, que le livre d’orgue a fait son entrée à la bibliothèque francophone multimédia de Limoges en 1992.

Il a été retrouvé dans la bibliothèque musicale d’un château des environs de Limoges sans que le lieu exact puisse être identifié.

A son arrivée à la Bfm, il a été constaté que les conditions de conservation de ce manuscrit n’avaient pas été optimales car il présentait des traces d’humidité, des déchirures et des attaques de rongeurs. Par contre, son contenu a particulièrement bien résisté au défi du temps.

En l’état actuel des connaissances des origines de ce document, rien ne permet d’affirmer qu’il soit rattaché à une source limousine.

Sa réalisation est située entre 1710 et 1725. Manuscrit et anonyme, il est composé de cinquante et une pièces classées par ton d’église.

Seules 14 sur les 51 pièces ont pu être identifiées à ce jour : 4 pièces d’André Raison, 2 pièces de Gilles Jullien et 8 pièces de Gaspard Corette. Si les pièces identifiées comme étant celles de Gaspard Corette et Gilles Jullien ont été recopiées fidèlement, celles d’André Raison ont été quelque peu transformées.

Parmi les pièces qui ont été recopiées, peu d’entre-elles ont une destination précise à l’exception de :

  • l’Ave Maris Stella, hymne catholique, consacrée à la Vierge Marie et qui appartient au répertoire grégorien
  • Le Pange Lingua (« Chante, ô ma langue... »), hymne latin médiéval catholique
  • L’hymne Conditor Alma Siderum hymne des vêpres de l'Avent dont la composition initiale remonte au IXème siècle.

Les 7 dernières pièces du manuscrit attribuées à Corette n’ont pas été retranscrites dans le même ordre que sa composition originale mais par ton.

Le choix du ton s’effectue en fonction de l’interprétation de la pièce afin d’exprimer des sentiments comme la colère, la grandeur, l’allégresse, la tristesse, …

Les 8 tons auront dans l’ordre les dominantes suivantes :

Ré mineur, Sol mineur, La mineur ou sol, La mineur finissant sur la dominante, Ut majeur ou ré, Fa majeur, Ré majeur et pour le 8ème ton le Sol majeur, en faisant sentir le ton d’ut.

Pour cette époque, ce n’était pas une pratique courante. Seul le manuscrit de Montréal situé en 1724 a été présenté ainsi. Ce livre d’orgue est le plus volumineux manuscrit (540 pages) de musique d'orgue française de l'époque de Louis XIV à être parvenu jusqu'à nous. Il fut apporté de France en 1724 par Jean Girard (1696–1765), un clerc sulpicien originaire de Bourges, devenu organiste à la paroisse Notre-Dame et maître d’école à Montréal.

Les partitions donnent pour la plupart peu d’indications de registrations consistant à choisir et à combiner les jeux d'un orgue à tuyaux afin de produire un son particulier (ex : Cromorne, cornet, …) laissant à l’organiste à la fois une certaine liberté d’interprétation mais aussi de pouvoir adapter son jeu à chaque orgue en fonction des registres dont dispose l’instrument.

La qualité d’écriture montre que le copiste s’il n’était pas organiste pouvait avoir des connaissances musicales. Au fil des pages, les pièces montrent quelques oublis, omissions ou modifications qui peuvent soient être considérées comme étant des erreurs ou selon une deuxième hypothèse, le niveau du copiste supposé interprète pouvait lui permettre d’omettre certaines indications comme le cronorme en taille pour l’élévation [G. Corrette] où le point d’orgue  est manquant.

Ce manuscrit nous renseigne sur le type d’orgue pour lequel étaient prévues ces partitions par quelques indications de claviers. L’orgue devait se composer d’au moins trois claviers, avec pédalier et donc probablement un orgue de grande taille plutôt installé dans une grande paroisse ou une grande abbaye.

Sa découverte fut qualifiée à l’époque comme étant "L'une des plus belles découvertes de ces 50 dernières années !" par Michel Chapuis.

Pour aller plus loin :

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