Promptuaire d'unisons
Quel ouvrage se cache derrière ce mystérieux titre ? Décortiquons : un promptuaire, c’est un manuel, un guide, quelque-chose qui permet de travailler promptement. Un unisson, s’il ne s’agit pas ici précisément du terme musical, est tout de même probablement le fait de produire un même son. Il suffit alors de tourner quelques pages de ce livre pour comprendre qu’il s’agit de ce que l’on appellera, des siècles plus tard : un dictionnaire de rimes ! Le sous-titre nous le confirme, qui s’adresse à "tous ceux qui voudront composer promptement en vers françois". Très probablement l’un des premiers, voire le tout premier manuel du genre.
Ecrit par Pierre Le Gaygnard, édité en 1585 par le Poitevin Nicolas Courtoys et imprimé à Limoges par Hugues Barbou, voici un précieux outil pour ceux qui, incapables de conclure un vers par le mot approprié, « quittaient encre et papier, ennuyés de ronger leurs ongles et de gratter en vain leurs oreilles », comme expliqué dans la préface au lecteur.
Fin lexicographe et lumineux pédagogue que ce Pierre Le Gaygnard, dont on ne sait presque rien, si ce n’est qu’il étudia à Paris, qu’il était précepteur et architecte, qu’il était très probablement originaire du Poitou, bien que son titre seigneurial semble le rattacher à la Saintonge voisine (si les villages de La Chaume et La Vergne sont bien ceux sis à quelques kilomètres au nord du Seure). On sait aussi qu’il fit paraître un autre ouvrage didactique en 1609, dont le titre seul, formé d’un harmonieux mot-valise, nous donne tant envie de le lire : L'aprenmolire françois, pour aprendre les jeunes enfans et les estrangers à lire en peu de temps les mots des escritures françoizes.
Avec ce promptuaire d’unissons en moyen français, vous irez à la (syllabe) finale qui vous intéresse et, en une seconde, trouverez à faire rimer taillendier avec amandier, cagnardier ou moutardier, manant avec circonvenant ou caresmprenant (carême-prenant), ou encore infante avec drillante, aggravante et mesplaizante…
Pour bien prouver l’efficacité de son outil et l’aisance rédactionnelle qu’il propose ainsi que l’esthétique du résultat, l’auteur propose de lire, en fin d’ouvrage, quelques sonnets et poèmes de sa composition.
Référence : RES.P. LIM T258