La Bibliothèque Bleue de Limoges
« La bibliothèque bleue » désigne un ensemble de livrets populaires colportés dans les villes et campagnes notamment à l’occasion des foires (légendes, histoires, romans, etc.).
Ces productions de qualité médiocre, imprimées en divers formats réduits (in-8, in-12, in-16, in-18), avaient pour couverture un simple papier. Bleu le plus souvent. D’où leur nom. Ces ouvrages pullulèrent dès le XVIIe siècle. Les imprimeurs de Troyes, Epinal, Rouen ou Paris en répandirent quantité. A proportion de leur bas prix de vente. Les imprimeurs de Limoges ne furent pas en reste.
La production :
La demande locale d’impression à usage récréatif et administratif augmenta particulièrement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qui vit le commerce se développer sensiblement.
L’alphabétisation relativement faible en Limousin privilégia une distribution au niveau national. Ce fut vrai pour le livre populaire dans le sillage des almanachs et des livres de piété. Plusieurs imprimeurs locaux éditèrent donc des opuscules en plus de leur activité « sérieuse » : Ardillier, Bargeas, Barbou, Chapoulaud, Chirac, Dalesme, Farne pour ne citer qu’eux.
La diffusion :
Le circuit de diffusion de La Bibliothèque bleue fut assuré par les imprimeurs-libraires, les marchands-libraires et les colporteurs. Ces derniers venaient ainsi s'approvisionner auprès d'imprimeurs limougeauds et leur fournissaient en échange des ouvrages venus de Lyon ou Paris. Ils permettaient également d'écouler la production locale jusque dans les campagnes.
Quelques exemples à découvrir :
Cette production proposait des contes, des romans, des ouvrages satiriques aux titres racoleurs, des ouvrages de jardinage et même d'astrologie. Ces livres peu considérés, simples consommables destinés à devenir « proie du feu et des rats » comme l’écrit Paul Ducourtieux, sont par là même devenus rares. Les collections de la Bfm de Limoges gardent trace de cette littérature populaire à bon marché. La Bibliothèque numérique du limousin offre à certains la possibilité d’une seconde postérité.
- L'histoire des quatre fils d'Aymon : revue et corrigée de nouveau et augmentée de plusieurs figures, chez Jacques Farne, 1744 : un grand classique de la littérature populaire, avec des gravures copiées d’une édition du XVIe siècle.
- Les amours de Calypso : épisode d’un extrait de Télémaque très connu à l'époque. Et traduit en vers par L*** de Limoges, en 1778 chez Chapoulaud.
- Le miroir de l'astrologie naturelle traitant de l'inclination de l'Homme et de la femme, leur naissance et de ce qui leur peut arriver durant leur vie, Chapoulaud : beaucoup d'ouvrages de la bibliothèque bleue comportent en titre le terme «miroir».
- L’innocence reconnue ou la vie admirable de Geneviève de Brabant chez Chapoulaud, comprend un cantique et une image de la sainte sur la page de titre : un commentateur de l'époque précise « quoique écrits en quelques endroits avec une affectation ridicule, il est plein de morceaux de la simplicité la plus noble et la plus onctueuse ».
- La troupe des bons enfans assemblés à l’hôtel des bons ragouts : récit en vers sans éditeur et sans date, mais un titre fait pour piquer la curiosité de l’acheteur.
- La Vision de la maison des fous amoureux, nouvelle historique chez J ; Farne.
Pour ces deux derniers titres, Paul Ducourtieux soumet l’hypothèse qu'ils sont une production exclusivement limousine et non une reproduction d'ouvrages imprimés dans d'autres villes d’imprimeurs.
Pour aller plus loin :
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